La forêt, une richesse infinie

La Forêt, une richesse infinie.

Par Bérenger COLLOTTE|07 septembre 2021|Environnement| 12 min

Aujourd'hui je vous propose de parler de la forêt et de l'importance de cette ressource qui est sans doute la ressource naturelle la plus vertueuse que nous ayons à notre disposition.

Pourquoi ce sujet ? Pour vous permettre de prendre la pleine mesure de l’importance de nos plus fidèles alliés sur cette planète, j'ai nommé, les arbres !

Les forêts abritent en effet un espace indispensable à la vie sur terre. Elles constituent un véritable refuge de biodiversité, de fertilité, d'intelligence collective, et jouent un rôle essentiel dans le travail de régulation climatique. Et oui, les forêts sont une véritable climatisation naturelle et savent en particulier faire tomber la pluie !
Au-delà de ces atouts majeurs, il en reste un, et certainement le plus important de tous, car géré respectueusement, cette ressource est, à notre échelle de temps, inépuisable.

I. Notre histoire avec la forêt

Afin de bien comprendre d'où l'on vient, et surtout où l'on va avec le bois, je vous emmène tout d'abord en voyage au coeur de notre passé. Tout commence ainsi il y a plusieurs centaines de milliers d'années.

I.I. Il y a 1,7 millions d'années (estimé)

Notre histoire avec l’utilisation du bois pourrait remonter à 1,7 millions d’années. Nous avons en effet, depuis que l’homme est homme, eu besoin de ressources naturelles pour subsister et se développer, en bref, pour évoluer.
Le lien entre l’homme et la forêt commence en partie à l’instant ou l’utilisation du feu est démocratisée, et on va l’utiliser en premier lieu pour se chauffer et cuire ses aliments.

Il est plus qu'évident que l’hiver dans une grotte avec les fenêtres ouvertes, ça doit donner du fil à retordre, on était donc sans aucun doute bien content de pouvoir se réchauffer grâce à un bon foyer. On était certainement très légèrement intoxiqué par les fumées également, mais au moins on avait pas trop froid. Nous allons revenir sur ce sujet qui a son importance, dans la suite de l’article.

Grotte préhistorique.

Ensuite, aucune surprise, on se sert du feu pour cuire les aliments, permettant ainsi le développement des arômes, une conservation plus longue, une meilleure digestion et en prime, on se débarrasse des microbes et des parasites.

Petit bonus, le feu, ça éclaire, c’était donc parti pour les folles soirées à la torche et tout ce qui s’en suit ! Quoique je sois un peu moins sûr de cette supposition...

C’est ici aussi certainement (et même très certainement bien avant cette date) que l’on utilise les premiers outils en bois, tels que des lances pour chasser, mais impossible d’en avoir le cœur net, car le bois, comme tout corps naturel, se dégrade avec le temps (les champignons interviennent, dégradent la lignine et tout ce petit monde retourne à la terre. Ceci illustrant par excellence le principe de l’économie circulaire et répondant parfaitement à la citation apocryphe de ce cher Antoine Lavoisier, “Rien ne se perd, tout se transforme”).

I.II. Il y a 120 000 ans (estimé)

C'est parti, on se déplace ! Grâce au bois, on peut construire les premières embarcations permettant à l’être humain de se déplacer sur l’eau.

Radeau de fortune.

Certes, c’est légèrement rudimentaire, on est plutôt sur du radeau de fortune que sur un navire comme le São João Baptista (surnommé Botafogo) pesant plus de 1000 tonnes, équipé de 366 canons et construit en 1534, mais ça fait largement le travail, à savoir, nous permettre de nous déplacer sur l’eau.

I.III. Il y a 3000 ans (estimé)

Non content de se chauffer, de cuire nos aliments, de nous déplacer, nous allons tâcher bientôt, quelques centaines de milliers d’années plus tard, après avoir développé les outils nécessaires, de nous abriter avec cette ressource essentielle qu’est la forêt.

Maison en rondins de bois.

Les plus anciens vestiges que l’on ai trouvés datent d’environ 3000 ans avec des constructions en rondins empilés, mais nul doute qu’il y a eu une utilisation plus ou moins aléatoire bien avant cela. Encore une fois, le bois étant une matière naturelle biodégradable, difficile de dater tout cela précisément. Ce ne sont de toute façon pas les dates qui nous intéressent ici, mais la manière dont la forêt nous a accompagné tout au long de notre voyage.

Il est temps de faire un petit saut en avant, pour nous attaquer à une période de bascule importante.

I.IV. Il y a 500 ans

La grande époque des aventuriers est en effervescence, les fabuleuses (quoiqu'un peu sombres) histoires de Barbe Noire et les innombrables richesses à découvrir à travers le monde aiguisent l’appétit et les convoitises de tous les peuples qui veulent (et peuvent prendre) leur part du gâteau.

Navire en bois.

Seulement, qui dit aventure, dit richesses potentielles, dit conflit, dit gros navire, dit chantier naval, dit déforestation massive.

Et oui, pour faire un vaisseau de premier rang, il faut alors environ 6000 m3 de bois brut. Rien que pour la flotte française ayant servi entre 1789 et 1815, on compte pas moins de 200 navires. Inutile de préciser qu’avec le contexte de conflit international du moment, les forêts d’Europe sont à cette sombre époque, dans un état pitoyable.

I.V. Il y a 150 ans

Ultime coup de hache au coeur de la forêt, jusqu’en 1850, et avant la démocratisation de l’utilisation du charbon (de justesse), on se décide enfin à laisser à la forêt, un peu de répit.

Oui à cette époque, on fait tourner les forges en brûlant du bois, ce qui, parallèlement à son utilisation massive dans les autres secteurs, continue d’accentuer gravement la dégradation des espaces forestiers.

Forgeron.

Nous y sommes, au début de l’ère industrielle, et le charbon, véritable ressource fossile, du fait d'une utilisation abusive et inadapté de nos ressources forestières a sauvé de justesse la forêt en Europe.

Oui MAIS, parce qu’il y a un MAIS, et un MAIS de taille. Il s’est avéré, après une petite centaine d’années d’exploitation, que l’utilisation de cette ressource n’était pas la solution ultime à nos problèmes de développement et de croissance économique. Et oui, malheureusement, le charbon, ça pollue. Les chiffres sont édifiants, en effet, la combustion du charbon pour produire de l’électricité par exemple, produit des quantités astronomiques de GES (plus de 900 g de CO2eq/kWh).

Pour se rendre compte de l’impact de l’utilisation du charbon, voici ci-dessous un état de consommation des différentes énergies ou l’on retrouve le charbon (Coal).

Graphique IAE présentant la consommation des ressources au niveau mondial.
Source : International Energy Agency

Si l'on regarde en détail les chiffres, en 2014, on parle d’une consommation mondiale de 1 113 554 ktoe (kilotonne équivalent pétrole, soit x1000 tep). 1 Tonne équivalent pétrole (tep) étant équivalent à 11630 kWh.
Un rapide calcul nous amène à une consommation de 1 113 554 000 x 11630 = 12950,63 tWh (térawatt-heure soit en milliards de kilowatt-heures) multiplié par 0,9 kg de CO2eq cela nous donne tout de même 11 655,57 Milliards de kg de CO2 en une seule année.

Ce simple calcul illustre parfaitement notre contribution à l'accéleration du réchauffement climatique, et on ne parle que de charbon ici, qui reste minoritaire vis-à-vis du pétrole par exemple. Vous vous en doutez, ça ne va pas continuer très longtemps de cette manière et on a pu le remarquer durant cet été 2021, le climat s’emballe et devient de plus en plus perturbé.

Comment donc désamorcer cette situation explosive ?

Il n'y a pas de solution miracle, mais un ensemble de solutions nous permettant de reprendre une place "normale" et un espace respectueux sur la planète. La forêt en est un élément majeur, et voici quelques raisons importante que nous pouvons citer au regard du contexte climatique du début du XXIème siècle.

II. La forêt, une richesse infinie

Nous l’avons vu dans un précédent article, que je vous invite à lire si vous souhaitez avoir un résumé de l’ensemble de la situation climatique du début du XXIème siècle en suivant le lien ci-dessous, la formidable puissance des énergies fossiles nous tire tout droit vers une impasse de taille :

Renouer notre lien avec la forêt, est ainsi une des clés majeure de la sortie de l'impasse climatique

2.1. Renouer avec la forêt

Afin de mettre en relief l'importance de cette ressource, je prends en exemple notre habitation familiale.
En construisant notre maison, nous avons décidé d’installer un poêle à bois, situé stratégiquement dans l’habitation afin de nous permettre de chauffer l’ensemble de la maison avec ce seul point de chauffage. L’objectif était de ne pas être dépendant de l’électricité pour pouvoir se chauffer (et donc à répondre à ce besoin primaire) en utilisant plutôt le bois, qui est une ressource qui, dans ce contexte, propose des avantages plus qu’intéressants.

Rondins de bois.

Une précision cependant, veillez à FUIR DE TOUTE URGENCE les poêle à granulés, qui peuvent être davantage rattachés à une exagération de la folie humaine plutôt qu'à une invention révolutionnaire.
C'est très simple, poêle à granulés = déforestation locale, on rase tout à blanc et on passe tout dans des immenses broyeuses et la matière finira en granulés. Pour compléter le tableau, il est nécessaire d'avoir un approvisionnement en électricité pour faire fonctionner la machine ce qui n'est autre qu'une énième extrême stupidité contemporaine visant à nous offrir toujours plus de confort.
C'est un exemple de plus représentant un triste aveu de notre profond irrespect envers cette merveilleuse ressource qu'est la forêt.

En voici la preuve, sur un chantier réalisé dans la plaine des Vosges et orchestré par l'ONF.

Rondins de bois.

Quand j'ai découvert ce paysage de mon enfance totalement scarifié (et ce n'est pas le seul, les chantiers de ce type sont malheureusement multiples dans la région), j'ai ressenti une honte extrême d'abord, et une blessure aussi profonde que celle que la planète doit ressentir à chaque fois qu'on lui arrache aussi violemment et aussi irrespectueusement ses enfants.

Pour conclure ce paragraphe, renouer avec le bois, OUI, mais de manière respectueuse et surtout harmonieuse, sinon c'est une solution qui ne fonctionnera absolument pas et ça ne fera qu'accélerer notre chute.

II.II. Le bois, ressource vertueuse pour le chauffage (et la cuisine)

En effet, le bois, durant sa croissance, accumule et stocke du carbone (c'est pour cela que l'on parle de puit de carbone).
Si vous faites une simple addition, en dehors des émissions de GES liés à l’exploitation et au transport, quand vous brûlez 1m3 de bois pour vous chauffer, vous relâchez une quantité de CO2 dans l’atmosphère, qui est exactement équivalent à ce qui a été stocké durant la croissance de l’arbre. La différence est donc de 0. Vous êtes à priori neutre en carbone.

La surface forestière en France étant en principe en augmentation, vous avez de plus le privilège d’avoir un bilan de CO2 biogénique (le CO2 biogénique étant le CO2 fixé par un organisme vivant suite à la photosynthèse) positif.

Oui mais, "Il n’y a pas de fumée sans feu !"

C'est une bonne question, car qui dit fumée, peut effectivement dire pollution (la vapeur d'eau n'en étant pas par exemple, pourtant ça fume), et tout ceci mérite d'être un peu éclairci.

En fait SI, au contraire même, il réside un point important lié à la manière dont un feu de bois est alimenté. Un feu qui fume, du bois trop humide, une vitre de poêle encrassée pour le constater, et c’est la catastrophe écologique à coup sûr. Cela est dû au fait que la température n’est pas assez élevée d’une part, ou d’autre part qu’il manque quelque chose (un approvisionnement correct en air par exemple) pour que la combustion soit de bonne qualité.
Si vous ne la connaissez pas, je vous conseille de vous renseigner sur la technique “top-down”.

En disposant d’une bonne combustion, un feu rejette en finalité très peu de fumée car sa température est très élevée.

Un petit conseil en passant : inutile de surdimensionner votre poêle, il vaut mieux privilégier un plus petit poêle qui tourne à fond, plutôt qu’un gros poêle qui tourne au ralenti.

Un autre avantage du poêle à bois, c’est qu’il est double usage, vous avez en effet la possibilité d’installer une “cuisinière à bois” permettant de chauffer vos plats en même temps que vous chauffez votre maison, vous utilisez donc la chaleur générée pour 2 utilisations distinctes.

Qui dit mieux ?

Cuisinière à bois.
II.III. Le bois, matériau de construction avantageux

Le bois représente une alternative vraiment intéressante d'un point de vue écologique, qui plus est si on compare ce matériau à du béton ou de l'acier par exemple.

Pourquoi ?

Simplement parce que vous transformez votre “stock de carbone” en construction durable. Donc le carbone reste stocké dans les murs de votre maison, ou dans les murs de votre bâtiment. Simple, durable et efficace. En comptabilisant le Carbone stocké injecté dans un bâtiment, on se rend même compte que son bilan carbone est positif par rapport à une construction contemporaine (d’un point de vue évitement d’émissions bien entendu).

Et voici la preuve que ça fonctionne en image :

Immeuble en ossature bois.
Source : Le Palazzo Méridia, un immeuble de bureaux en bois le plus haut de France, est construit avec du bois du massif des Vosges.
Photo Architecture-Studio/Antoine DUHAMEL

III. La place de la forêt dans le monde

En parcourant cet article, vous avez pu constater que les espaces forestiers ont toujours été un allié d'une valeur inestimable pour l'homme (et parfaitement gratuit qui plus est). Qu’il s’agisse de se chauffer, de cuisiner, de se loger, ou bien encore de se déplacer, la forêt est un de nos alliés le plus précieux nous permettant de répondre à l’ensemble de nos besoins primaires (car la forêt peut également nous nourrir) tout en ayant un impact écologique très intéressant puisque neutre dans le meilleur des cas.

Seulement, et il faut en prendre conscience, nous sommes en train de trahir profondément notre ami de toujours qui nous a tant rendu service. Pour que nous puissions envisager cette ressource naturelle comme étant une ressource de base, remplaçant une partie des énergies fossiles, il faut la laisser se développer et lui laisser de l’espace, un espace également dédié à la préservation de la biodiversité.

Cela correspond effectivement à ajuster légèrement nos habitudes et notamment nos habitudes alimentaires qui sont la première source de déforestation et donc de changement d’affectation des sols.

Paysage du gers.

Bien entendu, la situation est catastrophique dans le monde à ce sujet, mais rien qu’en France déjà, à ce stade, la réflexion que je me pose quand je vois ces paysages dans le Gers (32) est de savoir quand est-ce que la planète va se décider à changer de “coiffeur” ?

Certes, mais quel est le lien avec notre alimentation ? Il faut bien manger !

On est d'accord la dessus, mais nous faisons une erreur majeure dans l'orchestration de la chaîne alimentaire. En effet, dans l'état actuel des choses, nous devons planter des surfaces de cultures phénoménales pour nourrir des animaux qui vont nous nourrir ensuite. Si nous répondons à cette problématique, et que nous utilisons l'espace devenant inutilisé pour reboiser les territoires, nous solutionnons une immense partie du problème. C’est en effet un processus absolument inefficace d’un point de vue du rendement énergétique et qui consomme une masse de ressources absolument colossales.

Si on prend le seul exemple du maïs, tenez vous bien, environ 75% des récoltes françaises sont destinées à l’alimentation animale. Cela revient à dire que nous avons un potentiel de travail de 75% d'une surface de 3 Millions d'ha cultivés et ce, uniquement en prenant le maïs en considération.
Même si on en laissait encore la moitié, on aurait de quoi faire un joli chantier de reforestation sur notre territoire !

A l’autre bout du monde, et notamment au Brésil, encore en 2021, on pratique la déforestation pour créer des pâturages pour élever des animaux que l’on va nourrir pour se nourrir ou bien encore déforester dans le but de créer des parcelles de cultures de soja que l’on va expédier en Europe pour compléter l’alimentation des animaux Européens.

Difficile dans ce contexte de laisser une chance à la forêt et à un système de développement humain laissant de la place à cette ressource si majestueuse, berceau de la vie sur terre.

Nous sommes d'accord sur ce point, toute transition demande de se poser les bonnes questions. Toute transition demande également du temps et des moyens pour soutenir les filières qui seraient notamment le plus impactées, mais nous avons des solutions à notre portée et j’ai l’intime conviction que c’est précisément ici que nous devrions envisager l’avenir et être plus que jamais solidaires.

Forêt.

Il est temps de retrouver la forêt, et d'utiliser toute notre intelligence afin de la solliciter avec respect et avec la plus grande sincérité que nous pouvons éprouver. Il est temps de vivre à nouveau en harmonie avec elle.

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